Une nouvelle journée, une nouvelle chance de devenir plus fort, voila comment Sirus voyait la vie. Le soleil venait à peine de se lever qu’il était déjà debout, prêt à s’entrainer pour devenir plus fort. Pas de temps à perdre, lambiner n’était pas dans ses habitudes et il avait hâte de commencer cette journée, surtout qu’il la sentait bien, au fond de lui, un sentiment qui lui disait que tout se passerait bien. Sortant sans réveiller sa mère, il regarda au alentour. Personne, quoi de plus anormal, les autres dormaient surement, rah tous des faibles, sauf le chef peut être … Enfin il ne le connaissait pas et avait peu d’estime pour Hasira avec tout ce qu’il avait entendu comme rumeur le concernant. Mais la n’était pas la question, si il n’y avait pas d’adolescent à qui chercher des noises, alors autant aller ce dégourdir les pattes ! Il fit donc sa petite balade matinale, s’entrainant sur la vitesse ou bien l’endurance, en somme tout ce que son corps était possible de faire.
Voila que sa jolie balade l’amena à la rivière des crocodiles, lieu de jointure entre les terres luxuriantes des non exclus et de leurs terres à eux, les exilés. Traversant le tronc pour se mettre sur la terre des non exclus, il s’arrêta un moment, assis sur son séant, à contempler l’horizon et ses frontières bien vague à ses yeux. Rien que ce spectacle lui procurait d’étrange sensation, un cœur déchiré d’avoir quitté sa patrie et un cœur réclamant justice et vengeance sur ceux qui l’ont trahis. Il y avait sans doute autre chose mais il n’arrivait pas à mettre la patte dessous, quelque chose qui le tracassait, le rongeait de l’intérieur et de ce fait flétrissant son âme de jour en jour. Quelque chose d’oublié, un sentiment vécu qui semble causer plus de torts que de bien et qui pourtant mérite d’exister. C’est fascinant de voir au combien l’âme et sa capacité de préservation pouvaient être fascinant. Mais il se protégeait de quoi ? Là était la question, et il semblerait que le temps des réponses ne soient venus … Soupirant, il se releva pour retourner de l’autre coté de la rive des crocodiles, il en avait failli oublier son entrainement ! Ou plutôt cela devrait être l’inverse, s’il s’entrainait autant, c’était pour oublier ce sentiment qui le rongé de l’intérieur.
Un petit bruit vint perturber sa réflexion intérieure, le tirant de ses songes et le ramenant dans la brusque réalité. Il était à peine sur le tronc et il voyait non loin, sur la terre des exilés, une jeune lionne grognait sur un buisson. Quel spectacle saugrenu me dirait vous, surtout que la lionne arrêta aussitôt, se demandant si cela n’était pas futile. Mais en rien saugrenu pour Sirus qui était posté en hauteur et voyait le revers de la scène. La petite lionne ne pouvait se douter du danger qui la guettait en cet instant même, de la ou il était, Sirus voyait un jeune crocodile s’avançait lentement vers sa proie qui ne s’était aperçu de rien. Son cœur ne fit qu’un tour, piquant un sprint, il sauta du tronc et rattrapa le peu de distance qui le séparait du buisson. Juste à temps, voila que la gueule du crocodile sortait des buissons pour happer sa victime. Sirus s’interposa juste à temps, se mettant entre le crocodile et la jeune lionne. Poussant un rugissement, certes pas aussi puissant que les adultes, il griffa le bord de la gueule de l’animal, endroit sensible qui ne disposait pas de la protection des écailles. L’animal mugit de douleur et retourna dans les buissons, maugréant d’avoir loupé un festin si facile. Toujours en position d’attaque, face au buisson, il interpella la jeune lionne d’une voix calme :
- Ce n’est pas un terrain de jeu pour les lionceaux
Cet endroit était au combien dangereux, comment des parents pouvaient-ils se permettre de laisser leurs lionceaux trainer ici ? Mais bien sur, on parlait des lionceaux, qui n’avait jamais voulu échapper à la vigilance de ses parents pour aller dans les endroits interdits ? Reprenant son souffle, et étant sur que plus rien ne ressortirait des buissons, il se tourna vers la jeune lionne.